Smallville
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 Les secrets de l'adaptation de "Smallville" selon

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Christelle
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Les secrets de l'adaptation de "Smallville" selon Empty
MessageSujet: Les secrets de l'adaptation de "Smallville" selon   Les secrets de l'adaptation de "Smallville" selon EmptySam 15 Avr - 13:50

Adaptatrice sur "Smallville", Isabelle Neyret s'est livrée à nous. Elle nous parle de son métier, de "Smallville" et des secrets de l'adaptation de votre série préférée en français !

[NDLR : cette interview a été réalisée avant le doublage de la Saison 5 qui a commencé début janvier]

Sur quelles saisons de "Smallville" avez-vous travaillé ?
Isabelle Neyret : J'ai travaillé sur la moitié de la première saison, et sur à peu près cinq épisodes de chacune des trois autres saisons, car malheureusement je n'ai pas eu le temps d'en faire plus. Je n'ai pas encore commencé à travailler sur la Saison 5. Donc comme vous pouvez le déduire, nous sommes plusieurs adaptateurs pour Smallville.

En quoi consiste votre métier exactement, pouvez-vous nous l'expliquer ?
Cela consiste à adapter en français les dialogues américains originaux de la série en tenant compte du sens de la phrase, du synchronisme et du jeu des acteurs.

Quel a été votre parcours ?
J'ai fait l'Ecole Normale de Lyon, puis j'ai enseigné sept ans au total, dont deux ans aux Etats-Unis, au lycée bilingue de San Francisco. A mon retour en 87, profitant du lancement de la 5ème chaîne, j'ai commencé ce travail d'adaptatrice en doublage car il y avait une forte demande d'auteurs et les sociétés de doublage acceptaient alors de nous former à la partie technique de ce travail. Trois ans plus tard, j'ai démarré en parallèle une carrière de scénariste pour la télévision, sur des fictions d'abord, puis sur de l'animation. Je poursuis aujourd'hui ces deux activités de front.

Comment d'enseignante, en France et aux Etats-Unis, êtes-vous arrivée à faire des adaptations ?
Le hasard. Je me destinais à l'enseignement, mais je voulais être réalisatrice. J'ai notamment passé le concours d'entrée à l'IDHEC, j'ai aussi été cameraman sur une chaîne câblée locale de San Francisco. De retour en France, alors que je cherchais du travail comme stagiaire à la réalisation ou à la régie sur des productions françaises, c'est un ami qui m'a introduit dans la profession, sachant que je parlais parfaitement anglais. Il m'a présenté à un gérant de boîte de doublage, lequel m'a alors proposé de faire des adaptations. Au départ, j'ai accepté en attendant de pouvoir décrocher du travail en réalisation. Et puis très vite ça m'a plu, un vrai coup de coeur, et j'ai décidé de poursuivre dans cette voie qui me correspondait plus. Je ne le regrette pas une seconde, j'adore ce métier. J'ai démarré sur une très bonne sitcom américaine, Cheers, une série qui m'a fourni presque un an de travail. Je suis passée ensuite à d'autres séries, des téléfilms et des films cinéma.

Sur quelles autres séries ou films avez-vous travaillé ?
En dehors de Smallville, sur presque vingt ans, j'ai travaillé sur plus de trente films, vingt séries de fictions et plus de vingt séries de dessins animés. Des exemples ? Récemment, j'ai travaillé sur une excellente mini-série de la chaîne anglaise BBC Les Arnaqueurs VIP à venir sur M6, et toujours pour la BBC sur Meurtres en sommeil (Waking the Dead), des 90 minutes, à venir sur France 2. Si on remonte plus loin dans le temps, il y a eu "Qui a tué Laura Palmer ?" le pilote de la série Mystères à Twin Peaks de David lynch, et puis d'autres séries, Invisible Man (TF1), Star Trek (plus de trente toutes séries confondues !), Les deux font la loi (Bordertown), Mariés, deux enfants, La Loi de Los Angeles et bien d'autres.
Pour les films, TV ou cinéma, il y a eu par exemple : Chuck and Buck (Sagittaire Films /Canal+), Odd Little Man (Norvège - C+), Jeffrey (Columbia), Modigliani (Taviani), Gêne mortel (TF1), Priorité absolue (Canal +), Les dessous du crime (FR3) et même Massacre à la tronçonneuse, la nouvelle génération où il y a beaucoup de cris et peu de dialogues !

En dehors des fictions, j'ai adapté beaucoup de dessins animés : récemment, une série entière de 26 x 13mn de la BBC pour TF1 Charlie et Lola (Charlie and Lola), des Batman pour la Warner Bros (épisodes et téléfilm) un grand nombre d'épisodes sur Duck Dodgers, Courage le chien froussard, Scooby-Doo et bien d'autres. Et puis, j'écris aussi des scenarii destinés à l'animation. Il y a eu Dans le secret de Providence (TF1), La mouche (FR3), Jim Bouton (TF1), Enigma (M6), Cliff Hanger, Les Kikekois, Les babalous, etc ... En ce début d'année 2006, j'écris huit épisodes d'une nouvelle série d'animation inspirée de Fame pour la chaîne 5, dont le titre provisoire est 5 sur 5... ce qui ne va pas me laisser beaucoup de temps pour adapter des Smallville cette saison-ci, malheureusement !

De combien de temps disposez-vous pour adapter un épisode ?
C'est très variable. Cela dépend beaucoup du moment où la société de doublage, en l'occurrence Dubbing Brothers pour Smallville, reçoit le matériel des Etats-Unis, et de la disponibilité des comédiens et de la directrice de plateau pour fixer les dates d'enregistrement. Les délais d'écriture peuvent aller d'une semaine à un mois, entre le moment où je reçois le matériel et le moment où je dois le rendre, la moyenne se situant plutôt autour de deux semaines, ce qui est très raisonnable. En ce qui me concerne, j'aime avoir six jours entiers pour adapter un épisode. Je fais sept minutes par jour en moyenne sur Smallville, et je réserve toujours un jour à la fin de l'adaptation pour la relecture "à plat", c'est-à-dire à voix haute, sans me préoccuper de l'image, pour voir si le texte passe bien à l'oral pour les comédiens, et en privilégiant le français sur la synchro. C'est à ce moment là de l'adaptation que le texte doit vraiment "couler" tout seul et que l'on enlève tout ce qui "fait trop synchro". Parfois, à cause de problèmes de délais, je suis obligée de faire plus vite. Mais il est rare que j'accepte un travail où les délais sont impossibles, surtout si cela peut nuire à la qualité.

Quelles sont les principales difficultés pour adapter un épisode ?
Le plus difficile, sur Smallville, ce sont les gros plans parce que cela limite notre champ d'action, j'ai par conséquent, beaucoup moins de liberté pour choisir les mots justes, ceux qui seront les plus fidèles au texte original. Il faut préciser que notre travail, c'est de l'adaptation, pas de la simple traduction : il faut bien entendu très bien connaître la langue française, avoir de l'imagination, des qualités d'écriture et d'expression indéniables mais aussi savoir jongler entre les impératifs de la "synchro" et le sens du texte à respecter, les sous-entendus, les phrases à double sens, toutes les subtilités qui passent dans le jeu des comédiens et qui n'existent pas dans un livre. Mais il y a aussi toutes les recherches que je dois faire quand il s'agit d'une série ou d'un film qui traite du milieu médical ou judicaire par exemple. Dans ces cas là, j'utilise beaucoup Internet, mais parfois cela ne suffit pas et je me renseigne auprès de vrais professionnels travaillant dans le milieu dont traite mon film ou mon épisode. J'ai des contacts médecins, dans la police, la sphère judiciaire, etc ... mais, malheureusement, eux aussi sont occupés et parfois difficiles à joindre (ou ils me rappellent trop tard !), c'est pour cela que le temps est un élément primordial dans notre travail. En outre pour ceux qui connaissent l'univers de l'écriture ou même de la traduction, cela n'est jamais vraiment terminé, je pourrais débattre et chercher pendant des heures, voire des jours pour toujours améliorer mais malheureusement (ou heureusement sinon je resterais des semaines sur les même choses et je n'avancerais pas) il y a des impératifs de temps à respecter.

Avez-vous des relations avec la directrice artistique, Marie-Christine Chevalier ?
Bien sûr. Pendant que je travaille, j'ai toujours son numéro de téléphone sous la main pour la contacter si j'ai une question à propos de quelque chose. C'est elle qui fait le lien entre les adaptateurs mais aussi avec les comédiens. Elle visionne tous les épisodes donc elle connaît très bien la série. Si j'ai un doute sur la traduction d'une expression qui a déjà été utilisée dans un autre épisode, je lui demande. Mais j'appelle aussi les autres adaptateurs, cela dépend du problème auquel je suis confrontée. Ce n'est pas un travail linéaire, il faut gérer les situations, débattre et s'adapter.

Et avez-vous, également, des relations avec les comédiens qui font les voix françaises ?
J'essaie de me rendre sur les plateaux quand je le peux, pour les voir travailler et sentir l'ambiance. C'est très utile de savoir pour qui on écrit et puis c'est toujours intéressant de voir les différentes étapes qui impliquent notre travail. Mais aller sur le plateau demande du temps, et quand une série démarre, il faut aller vite, les chaînes diffusent souvent très peu de temps après réception du matériel (surtout sur Smallville) et ce temps-là, excédentaire, m'est plus précieux en écriture. Aller sur le plateau, quand on n'est pas un auteur débutant, c'est plus pour se faire plaisir et voir notre travail mis en bouche. J'adore voir travailler les comédiens, c'est formidable ce qu'il sont capables de faire passer comme émotion juste avec leur voix.

Comment se déroule l'adaptation d'un épisode de "Smallville" ?
Tout d'abord, il y a la détection. Le détecteur écrit au crayon le dialogue américain original sur une bande rythmo (semblable à celle que lisent les comédiens français). Il travaille sur une machine où l'image et la rythmo sont synchrones, alors que je ne travaille qu'avec un écran et un magnétoscope (certains auteurs ont une machine et font eux-mêmes leur détection). Le travail du détecteur m'est indispensable pour une bonne synchro. S'il écrit "en place", alors je sais que je n'aurai pas de problème quand je relirai mon texte sur la machine pour vérifier si tout est synchrone. Au texte original, il ajoute des signes qui correspondent aux mouvements de la bouche pour que je puisse faire coller mon texte le plus parfaitement possible aux comédiens originaux. Il marque aussi tous les changements de plan, cela me permet de me repérer plus facilement quand il y a un montage rapide. Il écrit toutes les "réactions", ce qu'on appelle les "hhh", qui correspondent aussi bien à des cris, des respirations, de la toux, etc ... sur lesquelles on est, parfois, obligés de mettre du texte. Le détecteur précise aussi tous les passages qui sont "off" et tous ceux où le personnage est à l'écran, mais où sa bouche est invisible. C'est indispensable pour moi dans une phrase où il y a un va-et-vient devant le personnage : chaque fois que sa bouche est occultée, même une fraction de seconde, je dois le savoir.

Pour adapter, je dispose d'une cassette VHS, du texte VO retranscrit et de la bande-mère que me remet le détecteur. Une fois que j'ai adapté les dialogues chez moi, il y a l'étape de la "vérification" : je vais au studio où, avec Marie-Christine Chevalier, la directrice de plateau, je relis tout l'épisode à haute voix sur la machine et Marie-Christine vérifie si cela colle bien tant au niveau de la "synchro" que du sens. L'ensemble doit être fluide, naturel et doit sonner juste. Et puis nous vérifions également le français qui doit être impeccable. Mon texte est bien sûr écrit sur la bande au crayon à papier : c'est un métier où l'on gomme beaucoup !

Ensuite, le texte est recopié par une calligraphe sur une bande rythmo transparente. Son écriture vraiment très lisible permet aux comédiens de faire leur travail avec le plus de facilité possible. La bande, où la calligraphe a recopié le texte, est aussi épurée des marques que le détecteur a placées, ainsi le comédien n'a plus que le texte français sous les yeux. C'est aussi la calligraphe qui veille à ce que chaque rôle soit toujours sur la même ligne. Il y a 3 lignes virtuelles sur une bande rythmo (c'est une bande de 35 mm, on ne peut pas en mettre plus) et si on choisit de mettre Clark sur la ligne du haut et Lana sur celle du milieu, il vaut mieux qu'ils gardent leur ligne pendant tout l'épisode, ou au moins au sein d'une même "boucle" (tout film ou épisode est découpé en "boucles" qui durent chacune environ une minute. Les comédiens enregistrent une boucle après l'autre, parfois même dans le désordre). Sachant sur quelle ligne est leur personnage, l'oeil des comédiens capte tout de suite que c'est à eux de parler. Cela évite les confusions et facilite le travail sur le plateau.

Recevez-vous des indications de la part de la Warner ?
C'est plutôt la chaîne de télévision M6, c'est-à-dire le diffuseur, qui est présent et qui veille à ce que les dialogues ne soient pas trop violents ni grossiers même si c'est le cas dans la version originale, mais en ce qui concerne Smallville cela n'arrive pas, car même en version originale c'est une série familiale. Le vrai garant du produit fini, c'est la directrice de plateau. Elle connaît bien les clients et sait jusqu'où elle peut aller dans le langage. Sur certaines séries, on peut faire dire "merde" à de grosses brutes sanguinaires, sur d'autres ils seront condamnés à dire "zut" !

Quel est votre personnage préféré ? Et pourquoi ?
Lex Luthor. Les méchants sont, en général, toujours plus intéressants. En outre, du point de vue de l'adaptation, comme c'est un personnage qui a reçu une très bonne éducation, il a un statut donc son langage est différent, les citations shakespeariennes et les proverbes chinois sur l'art de la guerre sont vraiment un défi en terme d'adaptation pour moi, il ne pourrait pas dire "qui m'a chouré ma caisse ?" par exemple [rires]. Les méchants sont vraiment mes personnages préférés et dans Smallville avec les Luthor père et fils c'est un vrai bonheur, les acteurs américains sont excellents et très bien appuyés par Damien Ferrette et Pierre Dourlens, qui sont vraiment plus qu'à la hauteur. Et puis, j'aime aussi beaucoup le personnage de Chloé, qui est vraiment pétillante, très intelligente et qui utilise un vocabulaire toujours très coloré. Elle est pleine d'imagination dans ses propos, et la voix d'Edwige Lemoine lui va très bien, là aussi c'est passionnant de travailler sur son personnage.

Certains personnages sont-ils plus difficiles à adapter ?
Oui, Lana. Pas au niveau du texte, mais au niveau de la synchro pure. Elle fait toujours beaucoup de mouvements avec sa bouche, avant et après ses répliques, et ce n'est pas toujours évident d'arriver à combler avec le texte français, mais il faudrait demander à Laura Blanc car c'est elle qui doit en dernier ressort tout faire pour que "ça colle". Et puis il y a également le personnage de Martha Kent. Annette O'Toole fait beaucoup de ronds avec sa bouche et c'est assez bizarre, donc pour synchroniser ce n'est pas elle la plus simple, mais tout ceci fait partie du travail. Nous aussi, on doit s'adapter au jeu du comédien. On voit bien, avec ces exemples, qu'une même phrase dite par Lana, Martha ou Lex ne donnerait pas du tout la même "traduction" au final.
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MessageSujet: Re: Les secrets de l'adaptation de "Smallville" selon   Les secrets de l'adaptation de "Smallville" selon EmptySam 15 Avr - 13:50

Avez-vous un épisode préféré ?
"Dans la peau d'un autre" (4.06), sans le moindre doute, John Glover et Tom Welling y sont incroyables. Le thème de l'épisode avait déjà été vu mille fois mais la façon dont les scénaristes l'ont traité est exceptionnelle (là c'est la scénariste qui parle), c'était au bon moment, avec les bons personnages et des acteurs au sommet de leur art. Je me rappelle de John Glover qui avait un regard tellement apeuré, on aurait dit un petit garçon alors que d'ordinaire il est tellement glacial, c'était une première pour le personnage de Lionel Luthor, j'ai été soufflée. Et Tom Welling était, de nouveau, excellent dans le rôle du méchant. Sinon, j'aimais bien les épisodes avec le principe du "Freak of the Week" comme l'épisode "Corps de Glace" (1.05).

Vous souvenez-vous d'un moment particulièrement difficile à adapter ?
Dans l'épisode intitulé "Les Trois Sorcières" (4.08), il y avait du latin et j'ai eu des difficultés parce qu'en version originale, les comédiens parlaient latin mais avec une sorte d'accent italien, c'était assez étrange. Et en plus, je n'avais pas la transcription du dialogue latin. Le retranscrire à l'oreille aurait été trop aléatoire (surtout avec l'accent exotique que les comédiens américains avaient choisi !). J'ai dû faire appel à un professeur de latin pour qu'elle m'aide à comprendre, et une fois l'adaptation de ce passage terminée, j'ai dû lui demander de me le réécrire entièrement en phonétique sur une page séparée pour que les comédiens (qui ne connaissent pas tous le latin) puissent le prononcer le plus justement possible, puisqu'il leur était impossible de se fier à ce qui était dit en anglais. Ce professeur, qui a vu l'épisode diffusé, a trouvé le résultat final très bien. Vous voyez, quand on fait ce travail on a toujours des surprises. Cela fait partie des raisons pour lesquelles cela prend du temps, vous serez toujours confronté à quelque chose que vous n'avez jamais vu et quand cela se présente, il faut faire des recherches pour trouver des solutions. J'avais déjà adapté des films en d'autres langues (italien, allemand, norvégien, suédois et même tchèque), à partir de traductions fournies, mais jamais de langue morte !

Pourquoi aimez-vous faire ce travail ?
Ce qui me plaît le plus, c'est la liberté qu'on nous laisse dans l'adaptation. Je prends vraiment beaucoup de plaisir à le faire. Il faut beaucoup d'imagination, c'est très gratifiant et puis c'est un exercice intéressant. Adapter, c'est traduire le texte tout en restant fidèle au jeu des comédiens originaux et c'est là que réside toute la difficulté et donc tout l'intérêt. Ce n'est pas comme traduire un roman où je pourrais mettre des nota bene (N.B.), je ne peux pas expliquer, il faut que cela soit compréhensible immédiatement. C'est en cela, qu'est le challenge. Quand, en plus, je travaille sur des produits de qualité, comme Smallville, je prends vraiment du plaisir.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu'un qui voudrait faire ce métier ?
Parler et comprendre l'anglais facilite grandement le travail bien sûr (surtout pour la rapidité d'écriture ... car ouvrir un dictionnaire et retrouver son chemin dans les labyrinthes lexicaux, ça prend du temps !) mais ce n'est peut-être pas le plus important. Je connais d'excellents adaptateurs qui ont commencé, au départ, à travailler à l'aide d'une traduction faite par un autre, traduction qu'ils adaptaient ensuite en fonction de la synchro. Peu à peu, ils n'ont plus eu besoin d'intermédiaire. Nous ne sommes pas traducteurs mais adaptateurs, même si je suis parfaitement bilingue. Nous sommes plus des auteurs. En conséquence, il faut avoir de grandes qualités pour manier le français, avec la contrainte de rester fidèle au jeu des comédiens de la version originale, ce qui veut dire qu'il faut parfaitement maîtriser tous les niveaux de langage afin d'être vraiment crédible. Il ne faut pas avoir peur de "se détacher" du texte, d'être inventif, parfois même de tout réinventer (surtout en cas de jeux de mots intraduisibles et dans les dessins animés).

Le plus simple, pour un débutant aujourd'hui, c'est de faire un DESS. Il existe trois ou quatre facs sur toute la France (entre autres à Lille) qui offrent à leurs étudiants une spécialité doublage/sous-titrages (liée à l'anglais). Mais à l'arrivée, comme pour toutes les formations, il faut savoir que les places sont rares. L'idéal, une fois que l'on a une solide formation de traducteur, c'est de connaître quelqu'un pour vous former, car au début il faut être accompagné. Je considère que mes six premiers mois sur Cheers en 1987 - où j'étais à plein temps, plus de huit heures par jour – ont été ma vraie formation. C'est la boîte de doublage elle-même qui a assuré ma formation et la supervision de tous mes textes (la création de la 5 a brutalement généré 25% de travail en plus, il a fallu former des auteurs à toute vitesse). Je suis sûre que si je relisais mes textes aujourd'hui, ils me sembleraient maladroits, et que je trouverais des passages entiers qui "font synchro". Je pense que j'ai réussi à me "libérer de la synchro", à me sentir vraiment à l'aise, au bout de deux ans de travail. Donc il faut de la persévérance pour entrer dans ce métier !

J'ai récemment formé un ami scénariste, donc parfaitement à l'aise pour manier le français, et de plus, parfaitement bilingue. Pendant deux mois, je relisais son travail, petit bout par petit bout, et j'ai même réécrit entièrement son premier épisode, mais c'est normal, c'est une mécanique spéciale, cela s'acquiert, il faut un peu d'entraînement. Ma présence était, d'ailleurs, une des conditions grâce à laquelle il a eu le contrat. La société de doublage savait que j'étais là pour contrôler et "garantir" le travail au final.

Il s'agit d'un métier très dur, on commence souvent par les choses les moins intéressantes, cela veut dire aussi être moins bien payé. Donc, au début, je conseille vraiment d'avoir un autre travail pour vivre correctement ou alors de pouvoir se contenter de peu. Mais après, au fur et à mesure, on s'habitue à la mécanique, on a des choses plus intéressantes à faire, on travaille plus vite, on gagne un peu plus d'argent. Je gagne aujourd'hui environ cinq fois plus qu'à mes débuts, mais cela a pris plus de quinze ans !

Un auteur-adaptateur est payé une première fois à la remise de son travail par la société de doublage (paiement à trois mois, en fait). Il touche ensuite une deuxième partie sous forme de droits de diffusion (les fameux droits d'auteur) mais là, il faut attendre que le produit soit diffusé puis que les droits soient reversés par la SACEM qui les collecte pour nous auprès des chaînes et cela peut être long. Au démarrage, on ne touche pas de droits SACEM avant environ deux ans. Donc, quand on débute, il faut s'accrocher mais une fois que la machine est en route cela devient plus facile. Si on veut exercer ce métier, il faut vraiment être très motivé.

Précision importante : nous ne sommes pas intermittents du spectacle, donc nous n'avons pas de congés spectacle (vacances), pas d'indemnités chômage, pas d'allocations maladies (ou alors à partir de quinze jours consécutifs de maladie, et au tarif plancher de la sécu). Au début, il faut donc travailler sans cesse ... le temps que les droits d'auteurs versés par la SACEM viennent nous assurer le pécule qui nous permet de prendre des vacances et d'être décemment malades !

Deux organismes peuvent renseigner tous ceux que ce métier tente :
Le SNAC (Syndicat National des Auteurs Compositeur), seul syndicat qui a un groupement doublage/sous-titrage. Il " travaille " très étroitement avec les facs qui proposent ces DESS et organise une fois par an, dans ces facs, une réunion d'information sur notre métier, réunion faite par un auteur-adaptateur.

SNAC
88, rue Taitbout
75009 Paris
Tél. : 01 48 74 96 30
Site web : www.snac.fr
L'AGESSA, l'organisme de sécurité sociale qui pourra vous renseigner sur la partie retraite/sécu.
21 bis, rue de Bruxelles
75009 PARIS
Tél. : 01 48 78 25 00

Source allociné
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MessageSujet: Re: Les secrets de l'adaptation de "Smallville" selon   Les secrets de l'adaptation de "Smallville" selon EmptySam 15 Avr - 14:29

waw... c'est beaucoup d'un coup! j'eesayerais de lire tout sa en rentrant de l'ecole! Wink
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MessageSujet: Re: Les secrets de l'adaptation de "Smallville" selon   Les secrets de l'adaptation de "Smallville" selon Empty

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